Antenne 80 mètres en /MM
Par F5AD
Il
n'est pas facile de faire du 80 mètres sur un petit voilier (9
mètres): si l'antenne est trop raccourcie, son rendement
s'écroule, et même si on tire du fil, l'antenne est quand même
perturbée par les haubans et le mât.
Deux croisières d'un mois à travers la Méditerrannée sur le "Cassandre" de F6EPT, d'abord la Corse et la Sardaigne, puis les Baléares et le sud de l'Espagne ont permis des essais systématiques grâce à des rendez-vous réguliers le soir sur 3685 KHz avec le sud de la France; voici le fruit de cette expérimentation.
Les haubans et le mât
Comme déja dit, c'est déja un problème quand le voilier est seul au large, mais dans un port, c'est la catastrophe, les autres voiliers, souvent plus grands vous placent dans une véritable cage de Faraday dont rien ne sort. Donc ne vous attendez jamais à des miracles dans un port.
Quand on a une mauvaise antenne sur 80m, on entend tout le monde, et personne ne vous entend; pourquoi ?
Parce que la limitation sur cette bande et imposée par le QRM, et avec une mauvaise antenne, le signal du correspondant diminue, bien sûr, mais le QRM aussi, si bien que le rapport signal sur bruit reste constant, et même paradoxalement s'améliore grâce à une diminution de la transmodulation.
En émission par contre, votre signal est plus faible chez le correspondant alors que le QRM n'est pas modifié, votre rapport signal sur bruit est détérioré, vous êtes "dans le bruit".
La prise de terre
Sur mer il faut profiter de l'avantage principal, c'est à dire la qualité de la terre!
La
masse de la boite d'accord, celle du transceiver ou celle de
l'antenne sont réunies à la quille du bateau, de préférence
à travers un condensateur haute tension de quelques milliers de
pF si l'installation est à demeure (pour éviter l'electrolyse).
Le fil parallèle au pataras
Premier à être essayé, un fil part du balcon arrière et monte jusqu'au sommet du mât, l'attaque se fait par le bas; c'est la catastrophe, même éloigné au maximum du pataras, ce dernier semble absorber toute la HF, même avec un bon ROS, on ne sait pas où passe l'énergie.
Le pataras isolé
Si
ces deux fils trop rapprochés cohabitent mal, on peut n'en
utiliser qu'un: le pataras lui même, que l'on isole en haut et
en bas par des isolateurs sérieux; l'attaque peut se faire par
le bas, ou par le haut en glissant un câble coaxial dans le
mât, âme réunie en haut au pataras et tresse réunie au sommet
du mât.
Les résultats sont décevants, proximité du mât et des haubans très certainement, ou mauvais rendement de l'inox.
Le fouet avec self à la base
Déçus
par le pataras, on achète une canne à pêche en fibre de verre
de 7 m de long chez le premier marchand trouvé à Ajaccio, cette
canne est placée verticale à l'arrière du
bateau, avec un fil électrique à l'intérieur, c'est un peu
court sur 80m, ça donne des résultats médiocres et la boîte
d'accord a du mal à trouver son réglage, qu'à cela ne tienne,
on prend 19m34 de fil (lambda/4): 7m sont enfilés dans la canne
à pêche et le reste est bobiné à la base; la boîte d'accord
est contente, et ça marche un peu mieux.
Mais le pataras gène toujours; l'antenne (la canne à pêche) est alors inclinée à 45° vers l'arrière du bateau pour être un peu mieux dégagée du pataras;le résultat est meilleur, mais pas extraordinaire.
Cette solution est utilisée en bandes hautes sur le voilier Deixon (6m)
Le pataras supprimé
Il y a toujours cette gène présumée du pataras, qu'à cela ne tienne, l'été suivant, il est tout simplement supprimé et remplacé par un de ces nouveaux textiles plus solides que l'acier, mais isolants.
On revient aux premiers essais et l'antenne peut
alors être réalisée en fil de cuivre torsadé autours du
pataras isolant ou tendu parallèlement; les résultats ne sont
pas plus encourageants.
Dans la solution alimentation par le haut, un meilleur résultat est obtenu en remplaçant le câble coaxial par un fil vertical parallèle au mât, espacé d'une vingtaine de centimètres; une sorte de ligne bifilaire entre ce fil et la mât réuni à la masse.
Théoriquement, la perte dans la coaxial étant faible à cette fréquence, on n'aurait pas du voir de différence, même avec des ROS élevés, mais les faits sont là.
La
slopping Zeppelin
Au port, ou au mouillage, quand l'environnement le permet, on ne s'embarrasse alors plus de scrupules, un fil monte verticalement à 20cm le long du mât pour, en haut, attaquer un fil de 38m68 (lambda/2) que l'on va attacher à un lampadaire quand on est au port ou à une bouée ou un autre bateau quand on est au mouillage, comme le bateau bouge avec le vent, tout casse régulièrement, mais le rendement est parfait.
Pourquoi se priver de cette antenne géniale quand on navigue: l'extrémité libre du fil est alors attachée via un cordage à une planchette japonaise (pour la pêche au maquereau) à une bouteille d'eau à moitié remplie, ou à n'importe quoi, plus tout ce que ça accroche en cours de route, cette trainée vers l'arrière tend le fil et ça marche; problème, si on ralentit, la slopping Zeppelin voit son extrémité tremper dans l'eau et se transforme instantanément en demi delta loop, le ROS s'affole, la boîte d'accord aussi, mais le QSO continue avec la même efficacité. D'accord, c'est l'alerte générale à bord quand approche un autre bateau par l'arrière, mais ça marche!
La Zeppelin en "v"
La Zeppelin qui
traîne 40m derrière le bateau, ça va un temps, mais il faut
chercher plus reposant, on mélange alors les deux antennes: le
fil vertical monte toujours le long du mât, de là haut il
attaque le fil de 38m68 qui descend vers le balcon arrière et
remonte dans les 7m de canne à pêche; le fil en trop, au niveau
du balcon arrière, est bobiné pour faire un peu plus propre; et ça
marche bien, moins bien que les 38m déployés, mais mieux
qu'avec tous les autres essais.
Le slopper en "v"
La Zeppelin impose une grosse bobine de fil inutilisé, on refait alors les essais avec 19m34 de fil (lambda/4 au lieu de lambda /2) la self est beaucoup plus petite et les correspondants ne signalent pas de différence; on conservera donc la version courte.
Il semble qu'on ait atteint le maximum, mais non, on peut encore gagner:
Le
fil vertical monte toujours le long du mât, de là haut il
attaque le fil de 19m34 qui descend vers le sommet
de la canne à pêche, entre dans la canne à pêche pour en
ressortir 7m plus loin par le bas; le fil en trop, au niveau du
balcon arrière, est bobiné pour faire self ou capacité, peu
importe.
Les résultats sont légèrement meilleurs qu'avec le fil entrant par le bas de la canne à pêche; ce sera l'antenne définitive, sauf dans les ports ou les mouillages qui permettront la Zeppelin pure et dure.
Conclusion
Comme quoi on peut allier voile, pêche et radio...
Quelques observations de Denis F6GXI
Sur les voiliers en acier ou en
aluminium, les problèmes d 'accord sont plus facilement résolus
car le plan de masse ou la surface en contact avec la mer est
important.
Sur les voiliers en plastique, c'est une autre histoire!
Il est impératif d'avoir une liaison la plus courte possible: 1
à 2 mètres, entre le coupleur et la plaque de masse qui doit
avoir la plus grande surface possible Le coupleur doit être
placé dans le coqueron arrière, la
plaque de masse en dessous, l'antenne juste au dessus.
Sur certains bateaux les chandeliers, les cadènes et les mâts
sont reliés entre eux et raccordés à la masse du moteur et à
la quille, qui est généralement le moins des batteries. Dans ce
cas le bateau est comme tu le dis ,une cage de Faraday...!!!
La seule solution dans ce cas est d'utiliser une antenne fouet de
7.50 mètres qui est constituée en fait de plusieurs mètres de
fil enroulés dans la résine. L'accord sur la bande 1.6 à 3.5
est possible dans ces conditions.
Cette antenne doit être à moins de 2m du coupleur , sur le
balcon arrière et inclinée à 45 degrés .
Le pataras isolé est une solution à éviter. En cas de
démâtage il n'y a plus d'antenne et c'est généralement à ce
moment que l'on a besoin de la radio pour lancer l'appel de
détresse ...
Chaque bateau est un cas particulier :
Sur les navires plus gros , cargos, pétroliers, car ferries ,les
émetteurs de bord sortent en haute impédance et le plan de
masse est important et il y a aussi des problèmes d 'accord et
d'interférence sur les autres appareils de navigation.
Les accords des émetteurs varient avec la salinité de l'eau de
mer ,l'humidité ...
Les anciens radios disaient que "ce n est pas l antenne qui
rayonne mais tout le bateau."
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