Cette page était sur le site de
F5RUJ; mais le lien ayant disparu, j'ai reproduit ici l'article
que j'avais conservé. (F5AD)
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Transformateurs, adaptateurs dimpédance et symétriseurs.
Application aux antennes.
Rappel sur les transformateurs
Voici le schéma classique
dun transformateur. Le bobinage primaire et le bobinage
secondaire sont séparés mais couplés magnétiquement. Le
couplage est amélioré par un noyau magnétique symbolisé ici
par 3 traits verticaux. Ce noyau peut être constitué par du fer
ou tout autre matériau magnétique (ferrite ou autres).
Le bobinage primaire est composé de P
spires, le secondaire de S spires et le rapport N = S/P est
appelé rapport de transformation.
Si lon applique un courant alternatif au bobinage primaire
de tension Vp Volts on mesurera aux bornes de lenroulement
secondaire une tension Vs proportionnelle au rapport de
transformation. On écrira :
Vs/Vp = N ou Vs = Vp x N
Par exemple : si Vp est égal à 220 Volts et N = 0,1 Vs sera égal à 22 Volts.
En effectuant des mesures très précises on verra que Vs est légèrement inférieur à 22 Volts car aucun transformateur nest parfait.
Dans la suite de lexposé nous considérerons pour la commodité des explications que tous les transformateurs sont parfaits. Dans ce cas, lénergie fournie au primaire sera égale à lénergie recueillie au secondaire. Comme lénergie, (exprimée en joules, en KWh ) est égale à la puissance multipliée par le temps (E=P x T), on pourra écrire que Puissance primaire = Puissance secondaire, mais aussi Vp x Ip = Vs x Is, Ip étant lintensité circulant dans le circuit primaire et Is celle du secondaire.
On peut également écrire : Ip/Is = Vs/Vp = N
Si lon appelle Zp et Zs les impédances des enroulements on pourra écrire
Vp = Zp x Ip et Vs = Zs x Is
Mais aussi :
Zp x Ip x Ip = Zs x Is x Is ou mieux Zp x Ip2 = Zs x Is2
On en déduit que Zs/Zp = Ip2/Is2 = N2
Dans un
transformateur parfait le rapport des tensions entre le primaire
et le secondaire est égal au rapport de transformation. Le rapport des impédances est égal au
carré du rapport de transformation.
Dans
lexemple précédent, si Is = 1 A, Zs = 22 Ohms, Ip = 0,1A
et Zp = 2200 Ohms.
Vérification : 2200 x 0,1 x 0,1 = 22 x 1 x1 ou 2200 / 100 == 22
Transformateurs et autotransformateurs
Nous avons vu que les transformateurs possédaient un ou des enroulements primaires et un ou des enroulements secondaires séparés. C est obligatoire par exemple pour les transformateurs dalimentation en basse tension (sécurité des usagers). On sest aperçu quil était parfois possible d économiser du fil de bobinage en utilisant des spires communes pour le primaire et le secondaire : cest le principe de l autotransformateur. Tous les transformateurs dimpédance utilisés dans le couplage des antennes seront des autotransformateurs. En fait, lautotransformateur est constitué par un seul grand bobinage muni de prises intermédiaires. Dans la pratique, pour améliorer linduction magnétique et se rapprocher de la perfection, on va bobiner les diverses parties de lenroulement les unes sur les autres. Cest ce que lon appelle dans les ouvrages consacrés à ce sujet « bobiner avec 2 fils en main » par exemple.
Les deux schémas ci-dessus sont les mêmes, celui de gauche est le schéma théorique et celui de droite le schéma « pratique ». Cest toujours ce dernier schéma qui est représenté dans les ouvrages. Je ne trouve pas que ce soit le plus simple à comprendre, surtout quand les schémas se complexifient en particulier lorsquon aborde les notions de symétrie / asymétrie.
Application pratique : adaptation dimpédance dun fouet vertical.
Beaucoup dOM ont certainement réalisé des montages sans prendre conscience quils fabriquaient des transformateurs dimpédance. Lantenne que nous allons examiner est décrite dans le livre : « Les antennes » de Brault et Piat (12ème édition page 340, fig. VII-2a). Sa réalisation est facile et son fonctionnement garanti.
Voici la représentation de cette antenne qui est un fouet 5/8 donde pour la bande 144-146 Mhz.
La partie qui nous intéresse se situe au niveau des 2 spires à la base. Les auteurs préconisent pour régler lantenne avec un ROS de 1:1 de procéder empiriquement par essais successifs en déplaçant le fil souple partant de lâme de la prise PL sur les spires, puis en réduisant progressivement la longueur du fouet.
Il me semble légitime de penser (même si le bobinage sert en premier à compenser la composante capacitive des antennes 5/8) que la partie de lenroulement allant de la masse jusquau point de soudure constitue le primaire dun autotransformateur chargé par les 50 Ohms du coaxial (et du TX), le secondaire étant constitué par les deux spires entières reliées à lantenne dont limpédance est certainement supérieure à 50 Ohms (Davantage de spires quau primaire). Dans ce cas nous dirons que le transformateur dimpédances est asymétrique/asymétrique car le coaxial et le fouet 5/8 sont deux systèmes asymétriques dont la masse est commune. Expliquons simplement la différence entre symétrique et asymétrique.
Symétrie et asymétrie
Tout dabord il faut dire que symétrie sentend par rapport à la masse qui est par définition constituée par lensemble des points ayant 0Volt comme potentiel.
- Si lon mesure la tension en chaque point dun signal asymétrique, on constatera quelle est toujours positive (ou toujours négative) par rapport à la masse.
- Si lon mesure la tension en chaque point dun signal symétrique, on constatera que la moitié des points est à un potentiel positif et lautre moitié à un potentiel négatif (Par rapport à la masse, évidemment).
La figure
ci-contre illustre cette explication. Le signal de gauche sera
toujours positif, on dit quil aura une composante continue.
En électronique on peut éliminer cette composante, entre des
étages damplification par exemple, en insérant un
condensateur de valeur appropriée (Calculée en fonction de la
fréquence du signal et de limpédance des étages).
Exemple : le signal fourni par un amplificateur construit autour dun transistor monté en émetteur commun est asymétrique. En revanche, le signal à la sortie dun ampli opérationnel est symétrique mais ce composant nécessite une alimentation positive et une alimentation négative.
Le signal émis par un TX et véhiculé par un câble coaxial, asymétrique par construction à la différence des lignes bifilaires, sera asymétrique bien entendu. Le connecter à une antenne symétrique comme un doublet demi-onde naura pas de conséquences fâcheuse pour les équipements, mais aura tendance à générer des perturbations radioélectriques en particulier dans les postes de télévision (TVI).
Pour cette raison on a imaginé des dispositifs de symétrisation appelés « BALUNS » par les anglo-saxons : ce mot signifie BALanced/Unbalanced, cest à dire symétrique/asymétrique. Comme ces BALUNS sont construits à partir denroulements, il sera commode, le cas échéant de combiner symétrisation et adaptation dimpédance.
Pourquoi faut-il utiliser des baluns ?
Pour comprendre ce qui se passe quand on alimente un doublet (symétrique) par un coaxial (asymétrique) il faut observer la circulation des courants dans le système. L ARRRL Antenna Book propose des explications très simples à comprendre sur cette question: (Edition 1997 page 26-15)
Le schéma
représente une portion de coaxial reliée dune part à un
générateur HF (TX) et dautre part à un doublet
demi-onde. On constate un phénomène singulier : le courant
circulant dans la tresse de masse se partage en I2
qui passe du côté intérieur de la tresse se dirigeant vers une
des branches du doublet, et I3 qui
revient vers le générateur par le côté extérieur de la
tresse.
Lexistence du courant I3 a deux conséquences. La première est que le doublet ne sera pas très bien alimenté, mais ce nest pas très grave. La seconde, plus ennuyeuse, est que le coaxial va rayonner à la manière dun long fil et va causer ainsi des interférences radioélectriques qui peuvent être ennuyeuses pour les téléviseurs avoisinants.
Les systèmes de symétrisation sont de plusieurs sortes. Il y a les systèmes en courant et les systèmes en tension. Les auteurs de lARRL Antenna Book semblent privilégier les systèmes en courant et les auteurs français les systèmes en tension. Il existe également un problème de bande passante . Si lon utilise une fréquence unique, des longueurs précises de coaxial dimpédance bien choisie résolvent très bien le problème. Nous nous intéresserons ici à des systèmes à large bande passante., dont voici le plus aisé à construire dans la mesure où il consiste seulement en une façon particulière de disposer le câble coaxial. Il sagit dun balun en courant.
Pour éliminer
le courant parasite I3, une des façons
les plus simples et les plus connues est de fabriquer un
« choke-balun » ou « balun de choc » dans
le sens où lon dit « une self de choc ».
Pour cela, il suffit denrouler le coaxial près de lantenne afin de réaliser une bobine à spires bien régulières de 20 à 30 cm de diamètre et comportant de 8 à 10 spires. Linductance de cet enroulement va opposer au courant I3 une très forte impédance et léliminer ainsi en très grande partie. Il ny a pas dinfluence sur les courants I1 et I2. Toute la difficulté de la réalisation consiste à faire tenir les spires en place et à supporter le poids de lenroulement.
Les symétriseurs et adaptateurs dimpédance sur noyau magnétique
Il sagira d auto-transformateurs dont les spires sont enroulées sur des barreaux ou des tores de matériau magnétique. De nombreux ouvrages ou revues ont publié de tels montages. Le propos ici est den expliquer le fonctionnement le plus simplement possible.
Le principe du
symétriseur
Le schéma ci-contre décrit un symétriseur simple, sans adaptation dimpédance. On dit que cest un « balun 1:1 ». Sil ny a pas de transformation dimpédance, il faut, bien évidemment, que le nombre de spires du primaire soit égal au nombre de spire du secondaire.
Cest bien le cas ici : il y a 20 spires au primaire et 20 au secondaire. La symétrisation est réalisée par une disposition particulière des enroulements.
- Au primaire (asymétrique) la masse est située à une extrémité de lenroulement.
- Au secondaire (symétrique) la masse (commune) est située au milieu de lenroulement.
Lorsquon a compris cela, on est en mesure de fabriquer tous les baluns que lon désire, avec tous les rapports de transformation possibles. Il suffira dadapter le nombre de spires au secondaire en respectant les principes énoncés au début de larticle.
Les symétriseurs adaptateurs dimpédance
Maintenant que les principes sont établis il nous faut calculer le rapport du nombre de spires afin de construire le balun qui nous intéresse. Voici un tableau qui répond à la question. Nous avons pris parti de donner 10 spires au primaire asymétrique venant du TX.
On utilisera pour les enroulements le tore de Micrometals (rouge) T200-2 de 2 pouces de diamètre (50,8 mm). On le trouve assez facilement (Cholet Composants, GO TRONIC )
Rapport de transformation |
Nombre de spires au primaire et impédance |
Rapport nombre spires primaire/secondaire |
Nombre de spires au secondaire et impédance |
1:1 |
10 - 50O | 1 | 10 - 50 O |
1:1,5 |
10 - 50O | 1,225 | 12 - 75 O |
1:2 |
10 - 50O | 1,414 | 14 - 100 O |
1:4 |
10 - 50O 75 O | 2 | 20 - 200 O - 300 O |
1:6 |
10 - 50O | 2,45 | 25 - 300 O |
1:9 |
10- 50O | 3 | 30 - 450 O |
Nous avons choisi des rapports qui correspondaient à toutes les impédances dantennes les plus fréquemment rencontrées. Selon le nombre de spires au secondaire, les schémas vont être légèrement différents, le rapport 1:4 constituant un cas particulier car le nombre de spires au secondaire sera le double de spires du primaire. Pour expliciter cela voici quelques schémas.
Rapport 1:1,5 Rapport 1:2 Rapport 1:4
Rapport 1:6 Rapport 1:9
Réalisation pratique : quelques idées.
Le choix du nombre de spires au primaire. : Nous avons été étonnés à la lecture des divers ouvrages ou articles sur ce sujet, car ce nombre varie de 5 à 20 ! Bien que seul le rapport du nombre des spires influence le rapport de transformation, on ne peut pas faire nimporte quoi ! Imaginez un transformateur dalimentation 220V/12V qui naurait quune dizaine de spires au primaire : cest le court-circuit garanti ! Dans notre cas, le nombre de spires influe sur la bande passante du balun. Si lon est un amateur de bandes basses, autant augmenter le nombre de spires et faire linverse pour les bandes hautes. Un nombre allant de 8 à 12 semble faire lunanimité pour lensemble des bandes décamétriques.
A titre de curiosité nous avons calculé limpédance propre denroulements de 5, 10 et 20 tours sur le tore précité. La valeur de linductance propre des enroulements est calculée à partir de la formule donnée par le fabriquant : N2 = 104 x LµH / AL avec N = nombre de spires, L = inductance de la bobine et AL = 120 pour ce tore. De cette formule on tire : LµH = N2 x AL / 104
Nb. de spires |
3,6MHz |
7,05MHz |
14,125 MHz |
21,3 MHz |
28,5 MHz |
29,7 MHz |
5 |
14 O | 27 O | 53 O | 80 O | 107 O | 112 O |
10 |
27 O | 53 O | 106 O | 161 O | 215 O | 224 O |
20 |
109 O | 213 O | 426 O | 642 O | 820 O | 896 O |
Comment enrouler les fils? Pour que les divers enroulements soient bien couplés, il est recommandé de les bobiner les uns sur les autres.
- Pour les rapports 1:1, 1:1,5 et 1:2 il nous semble commode de bobiner avec 3 fils en main puis d effectuer les raccordements selon les schémas. Pour 1:1 les 3 enroulements auront le même nombre de spires. Pour les autres, on débutera 3 spires en main pour 4 ou 3 spires selon le cas, puis on continuera avec 2 fils en main pour 6 ou 7 spires.
- Pour le rapport 1:4 cest très simple, on bobine avec deux fils en main des enroulements égaux.
- Pour les rapports supérieurs, il nous paraît judicieux de bobiner avec deux fils en main et deffectuer une prise intermédiaire à 2,5 ou 5 spires du début de lun des deux bobinages. Mais tout cela est affaire dexpérimentation
- Les connexions entre bobinages se feront en observant les schémas ci-dessus.
Et le balun « universel » ? On peut tout à fait imaginer un balun qui pourrait avoir plusieurs rapports de transformation commutables. Il faudrait partir du schéma du balun de rapport 1:9 et rajouter des prises intermédiaires symétriquement par rapport à la masse puis utiliser un commutateur à deux circuits et autant de positions que nécessaire quil faudrait choisir de telle sorte quil puisse supporter des courants HF importants.
On pourrait également imaginer de conserver toujours le même nombre de spires au secondaire (symétrique) et faire varier le nombre de spires du primaire, sans toucher à la connexion de masse. Cela simplifierait la commutation !
Nous navons pas expérimenté ce type de balun, mais hormis pour lexpérimentation il nous semble plus réaliste de construire un balun par antenne et de commuter les coaxiaux !
En conclusion
Nous sommes tout à fait conscients de ne pas avoir épuisé le sujet et nous vous recommandons pour plus dinformations pratiques la lecture douvrages sur les antennes tels que ceux de MM. Brault et Piat, d André Ducros (F5AD) ou lARRL Antenna Book. Si toutefois vous avez compris comment fonctionne un adaptateur dimpédance et un symétriseur dantennes, nous aurons atteint notre but qui est de vous permettre dexpérimenter sans suivre aveuglément des « recettes de cuisine » trouvées ici ou là. Nous vous recommandons également la prudence dans vos essais : toujours passer en émission en puissance QRP, même si votre TX possède toutes les sécurités les plus récentes. Lidéal est de posséder ou demprunter à un OM ou à votre Radio-Club un analyseur dantenne. Vous pourrez ainsi réaliser vos expériences sans risquer dendommager votre matériel de transmission : Pour vérifier si le rapport de transformation est bien celui qui était attendu, chargez le secondaire avec des résistances au carbone ayant comme valeur limpédance de lantenne à alimenter. En connectant lanalyseur dantenne au primaire vous pourrez lire limpédance du montage : elle devra se rapprocher de 50 O dans toute la plage de fréquences prévue. Si ce nétait pas le cas, modifiez vos bobinages, mais ne cherchez pas à obtenir 50 O juste, la précision serait illusoire!
Alain CAUPENE(F5RUJ) et Gilbert BENOT (F5AUZ)